Zebrocyclette trip 10 // Strasbourg - Paris

  • Thomas Silva

Je quitte donc Strasbourg pour prendre la direction de Paris à environ 500 km d'ici. Dans ma tête, ça allait être un trajet long mais simple. Par de grosses bosses ou de difficulté particulière en perspective. 

Jour 1. Petit forme. Encore une journée à longer des canaux. J'en peux plus de ces canaux. Je m'endors un peu sur le vélo vers 16h. Peut-être un repas un peu chargé à midi. Quoiqu'il en soit, je m'arrête à Sarrebourg, dans un parc, au bord d'un lac. Je fais le tour du propriétaire et repère un local de secourisme fermé en cette période. L'endroit est doté d'un toit anti pluie et d'un bar anti vent. Je n'en demande pas plus. Je vais donc m'acheter de quoi me sustenter au supermarché le plus proche et passe le reste de l'après-midi à roupiller et à guetter le martin-pêcheur. Je l'ai bien vu, mais de nouveau trop loin pour filmer correctement. En même temps, ça serait pas marrant s'il était facile à observer. Je vous ai déjà dit que c'était mon animal préféré ? Je suis bien content d'avoir trouvé cet abri, car il pleut durant la nuit. Je ne le sais pas parce que j'étais mouillé au réveil, je vous rappelle que j'avais un toit anti pluie, mais bien, car il y avait des grosses flaques un peu partout. 

Jour 2. Bien décidé à rattraper la piètre performance de la veille, je me mets en selle avant même le lever du jour. Franchement, il s'est rien passe de spécial ce jour-là. Mon seul souci, c'est que je ne prends pas la nationale pour éviter de me faire éclater par un camion au premier écart. Et donc je ne passe que par des villages où il n'y a rien. Pas une boulangerie ou une épicerie. Rien, je vous dis. Quoi ? Rien.

Rien.

Pour l'eau ça va, il y a toujours les cimetières. À défaut de manger les morts. Je bois l'eau des leurs. Le soir arrive et les nuages se font de plus en plus menaçants. Je ne trouve pas vraiment d'endroit où je pourrais passer la nuit et j'ai besoin de recharger un peu des batteries. J'utilise en effet pas mal le GPS pour relier les villes où il n'y a rien le plus efficacement possible. Je croise un motel abordable en fin d'après-midi. Beaucoup moins abordable en revanche. Acheter un repas dans une station-service. Le motel étant au milieu de.. je vous laisse deviner, le premier supermarché est à 15km. Je préfère lâcher 15€ dans un sandwich, des pringles et un top que de me cogner cet aller-retour. Mais quand même total... BANDE D'ESCROCS. 

Jour 3 rebelote. Temps approximatif, ravitaillements rares. Nuit annoncée pluvieuse. Le soleil se couche dans une heure, pas d'hôtel dans le coin. Toujours pas d'abris. C'est alors que se présente à moi, à l'entrée du doux village de Sompuis, un grand hangar tout vide. Vendu pour la nuit. Je m'installe tranquillement et regarde un petit film en attendant la nuit. Étant dans une pièce vide aux grands murs parallèles, le moindre son raisonne plus que de raison. Vous voyez où je veux en venir. Mathieu, Alex, vous voyez. Mes pets retentissent tel le râle d'un prisonnier condamné à une existence de châtiments. Un camion vient se ranger dans le box d'à côté. Il ne me voit pas, nous dormîmes proches. Bien content d'avoir trouvé cet endroit, car dehors, c'est la tempête toute la nuit, pas facile de dormir d'ailleurs, car le hangar fait énormément de bruit. Je n'entends même plus mes pets.

 

 

Jour 4. L'enfer sur terre. Départ à 8 h du matin. Retenez bien cette heure. 180 km pour arriver à Paris. J'aimerais y être ce soir, car le lendemain, quelqu'un m'attend à 10 h pour une petite interview. Et plus je suis une pince et je n'ai pas envie de payer un hôtel de plus. Pendant une petite demi-heure. Le temps est calme. Je vois des gros nuages au loin, mais franchement, ça va. Puis d'un coup, c'est la tempête. Gros vent, grosse pluie. La pluie, je gère, j'avais prévu le coup (maman m'a obligé à prévoir le coup.) et j'enfile mon pantalon imperméable et ma cape de pluie. Sauf qu'avec ça, je deviens un voilier. J'ai le coefficient aérodynamique d'un camping-car. Le vent de face vient se plaquer contre ma cape et c'est le drame. Je n'avance plus. Environ 10km/h sur le plat. J'ose pas en parler pour la montée. N'ayant pas pris de petit dej. Je m'arrête à Intermarché le plus proche et fait un sur ma situation. Je suis loin de Paris, ok, la pluie ne devrait pas durer toute la journée, ok, le vent va continuer comme ça non-stop. Okkkk. Il est 10 h, ok, je suis où ? À 20 km du point de départ. Cool cool cool. Ça va être une très longue journée. La pluie s'est arrêtée. A partir de maintenant, j'ai compris que j'allais en chier. L'important, c'est de passer le plus de temps possible à pédaler. Et c'est ce que j'ai fait. Les heures se sont enchaînées très lentement, le temps à beaucoup changé entre les rayons de soleil qui percent les nuages et les trombes lors du passage sous un mauvais cumulus. Le vent lui n'a pas changé d'un poil de toute la journée. Très très dur pour le mental d'être tout seul, au milieu des champs à perte de vue, avec une longue ligne droite, une colline qui attend au loin et ce maudit vent qui empêche d'avancer. De quoi rendre fou. D'ailleurs j'ai pas mal parlé tout seul et gueulé sure vent. J'étais peut-être fou. 

16 h. Le GPS annonce qu'il reste 100 km. Sans déc comment c'est possible. Je ne me suis même pas arrêté pour manger. Seulement deux trois pauses de 15 min quand la pluie était trop forte et qu'il y avait un abris à proximité. Heureusement, je sais qu'on m'attend pour dormir et que je peux arriver après la nuit. Je continue de pousser. 50 km plus loin, les villes se font plus fréquentes. Grâce aux bâtiments, je suis un peu protégé du vent ce qui permet de souffler un peu (vous l'avez) avant la portion suivante dans les champs parfaitement dégagés. Finalement, le soleil se couche vers 20 h. Très beau coucher de soleil soit dit en passant. Il reste une trentaine de km. Le téléphone n'a presque plus de batterie alors je mémorise les principales villes à traverser. Juste après le coucher du soleil, j'arrive sur une piste cyclable qui longe la Marne jusqu'à Vincennes. Pas le chemin le plus court, mais je suis bien plus en sécurité ici sans voitures. Le vent s'est calmé avec la nuit. Et je reprends du plaisir à rouler. 

L'histoire se termine à Montrouge. J'appuie sur la sonnette à 22 h 30. Soit 14 h 30 après être parti ce matin. De loin, la journée la plus éprouvante physiquement et mentalement passée sur un vélo. L'accueil est jovial, en m'asseyant à table, j'ai la tête qui tourne. Je reprends vite mes esprits, requinqué par la pizza qui m'attendait. Je dois beaucoup à la pizza au cours de cette aventure. 

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C'est le métier d'aventurier qui rentre!!! bon courage pour la suite! A quand le Nord???
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Thomas Silva -  Hébergé par Overblog